J’ai passé, avec ce livre, de très passionnants instants de lecture. J’ai appris, je me suis amusé. Je l’ai lu comme un récit historique mais surtout comme un récit d’aventures.
Robert Courte-Heuse (1051-1134) fils ainé de Guillaume le Conquérant fait partie de ces personnages historiques un peu oubliés qu’on a peut-être croisé à l’école aux hasards d’un cours soporifique mais dont on ne se souvient plus guère. Le grand historien Marc Bloch, dans son ouvrage de référence « La société féodale » ne consacre que quelques mots à ce Robert fils de Guillaume, à peine une ligne, juste un membre de phrase situé après un point-virgule : « Guillaume le Conquérant donna à son fils Robert un clerc pour précepteur. » Catherine Laboubée a réussi l’exploit de faire de la biographie de ce Robert oublié un formidable roman que l’on savoure avec plaisir durant les longues siestes d’été, à l’ombre d’un pommier dans le bocage normand, au bord de la mer à l’ombre d’une voile normande ou sous un éclatant soleil italien à l’ombre d’une cathédrale normande. Dans ce récit d’aventures on voit défiler les images d’un film en technicolore, on voyage de Fécamp à Cardiff en passant par la Palestine, la Turquie et l’Italie. On voit défiler sous nos yeux le débarquement Normand de 1066 sur les côtes d’Angleterre et la bataille d’Hasting (14 Octobre 1066 il y aura 950 ans cette année), la croisade en orient de la fin du XIe siècle, le retour héroïque de Robert qui épouse à Brindisi la resplendissante Sybille de Conversano.
Toutes ces aventures sont écrites dans une langue vivante et virevoltante.
Catherine Laboubée a donné comme titre à son livre « Le Prisonnier de la tour » en hommage à une célèbre chanson de Francis Blanche immortalisée par Edith Piaf https://youtu.be/oN1UQU-O9i4
Mais en lisant la prose de ce récit dont la phrase coule et court comme dans les bons polars qui croustillent, en voyant vivre et combattre ces truculents héros du Moyen Âge c’est étrangement à une autre chanson d’Edith Piaf que j’ai pensé : aux aventures de l’américain « Browning » https://youtu.be/gUC74h6AiaI.
Dans ces formidables luttes entre seigneurs Anglo Normands du XIe siècle on peut en effet déjà voir poindre ces américains peu scrupuleux qui font la gloire des romans de la série noire. Dans ces héros de la première croisade, dans le comportement de certains féodaux, il y a quelque chose du Browning d’Edith Piaf. Ce n’est bien sûr que mon point de vue de lecteur partial et subjectif, je ne peux que vous encourager si vous souhaitez vous faire votre propre point de vue de vous procurer « Le Prisonnier de la tour » de Catherine Laboubée. Vous y découvrirez un sérieux travail historique rempli de questions plutôt que de certitudes: un livre qui ouvre l’appétit de savoir. Marc Bloch rappelait que « le grand juriste anglais Maitland disait qu’un livre d’histoire doit donner faim. Entendez : faim d’apprendre et surtout de chercher. » En lisant « Le Prisonnier de la tour » vous apprendrez beaucoup en vous amusant; le livre refermé vous aurez certainement envie d’en ouvrir une infinité d’autres.
Pour plus d’informations et pour vous procurer le livre consultez le site internet
http://www.catherine-laboubee.fr/Accueil.html
Informations de l’éditeur
Catherine Laboubée, Le Prisonnier de la tour
Editions La Belle Saison. Prix 20€. Nombre pages 390.
ISBN 9791091323046
Quatrième de couverture
«Le Prisonnier de la Tour n’est autre que Robert de Courte-Heuse (1051-1134) le fils ainé de Guillaume le Conquérant. Quelque peu oublié de l’Histoire, il y a pourtant toute sa place, même si son parcours a souvent été éclipsé par celui de son petit frère Henri 1er Beauclerc, chouchou des chroniqueurs. Sa vie pavée d’embûches et de moments forts, a été marquée par l’aura d’un père omniprésent et peu partageur de son pouvoir, un père qu’on ne peut qu’admirer, mais qui ne laisse aucune place à autrui. C’est dans ce contexte que Robert, prêt à tout pour être digne de lui, tentera de faire ses preuves et se heurtera souvent à cette figure tutélaire.
Duc de Normandie, héros emblématique de la première croisade, Robert traversera bien des épreuves face à la soif de pouvoir de ses frères, et passera les trente dernières années de sa longue vie en prison en Angleterre après la défaite de Tinchebray.
Sa vie est celle d’un «humain» davantage que d’un conquérant, celle d’un diplomate qui se révéla un fier chef de guerre, précurseur dans bien des domaines y compris celui de l’amour courtois, un témoins de l’extraordinaire épopée que fut la conquête de l’Angleterre par les Normands et qui donna toute sa mesure dans la première croisade. Un home qui faisait passer sa vie avant tout, avant les honneurs et le pouvoir, dans un monde peu fait pour lui.»