invitation à lire « La vie commence par une Majuscule et continue après le point » (nouvelles) par N’zua Enam

Plonger dans l’univers des nouvelles de N’zua Enam est une tourbillonnante aventure de lecture que je vous conseille vivement. N’zua Enam porte sur l’humanité un regard tendre, sensible, espiègle parfois. Nous sommes tous matière de langage et l’être humain (avec son corps et ses humeurs, avec ses mystères et ses sourires, ses sentiments et ses opacités) devrait pouvoir se lire un peu comme un livre. Mais la vie des êtres humains est un peu plus compliquée que cela. Entre les mots et les êtres se tisse une relation complexe, faite de psychologie, de transparence et d’opacité, de sentiments et d’aveuglement, de passions et de raisons. Cet imperceptible qui se joue du sens des mots pourrait-il se nicher dans cet imperceptible souffle de la ponctuation ? Ce titre : « La vie commence par une Majuscule et continue après le point » nous entraîne à nous poser cette question tant il est écrit dans une langue ponctuée… Il nous entraîne aussi (et c’est heureux pour le plaisir de la lecture) à la rencontre de personnages attachants charnels et beaux que la plume de N’zua Enam dessine avec tact et délicatesse. Comme dans ces estampes orientales où l’on économise le trait pour trouver les lignes essentielles, les phrases du livre s’enchaînent et nous étreignent pour nous faire rencontrer de belles personnes, émouvantes et fragiles comme dans la vie. Elle est fugace cette existence et si les présences humaines illuminent le monde elles finissent toujours par s’éteindre fatalement. Mais avant l’extinction, il y a le miracle de cette vie aux détours et obstacles inattendus, aux labyrinthes compliqués, aux horizons limpides. On croisera des amoureuses, des amoureux déboussolés face à la passion, une grand-mère qui vieillit, mais qui trouve le temps de partager avec sa petite fille le récit d’un amour de jeunesse romanesque. Un père qui veut retrouver sa fille, une aveugle qui par coquetterie masque sa cécité, une femme et un homme aimantés l’un par l’autre et qui n’y comprennent rien… Le regard porté sur le monde est ici dans ses nouvelles un regard féminin, sympathique, empathique. Ce livre est celui d’une femme libre au regard sensible, exigeant, attentif à autrui. L’écriture est libératrice et la lecture aussi. Pour toutes ces raisons, je vous conseille la lecture de ce livre. Libérez-vous, lisez-le, vous découvrirez une richesse belle et tendre de sentiments profondément humains. N’zua Enam a la passion des êtres de la psyché humaine aux savants détours baroques. Les personnages se croisent et se rencontrent, s’évitent et se désirent, s’admirent et se sourient, comme dans un ballet, comme dans une danse, comme dans la vie… Il y a un souffle et un style dans l’écriture de N’zua Enam. Elle est ponctuée de toutes les figures et de toutes les épices qui donnent goût à la vie. Peut-être est-ce cela la vraie ponctuation, celle qui donne un rythme aux phrases ? Il y a plusieurs nouvelles dans ce livre, mais il se lit comme un roman. Une lecture où l’on est impatient d’atteindre la fin et où l’on est un peu triste de devoir quitter les personnages. Heureusement, on sait qu’il restera là, ce livre, dressé dans la bibliothèque, toujours prêt à susciter de nouveaux plaisirs de lecture.
Il faut souligner les efforts fait sur l’édition proprement dite qui font de ce livre un bel objet : une couverture et des illustrations signées Emmanuelle Delouhans, un texte soigné dans sa présentation.
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